La distillation

Nous avons eu une chance folle à l’automne 2014 : acquérir un alambic 100% cuivre de 60 ans. Nous avons dit oui sans vraiment réfléchir et bien nous en a pris !

En effet, c’est un outil extraordinaire, un bijou magnifique.

Comment çà marche ?

La distillation est souvent perçue comme complexe, dangereuse voire magique, sans doute parce qu’elle mêle plante et feu, eau et chaleur.

Pourtant, c’est un processus simple : dans un récipient (cuve de distillation) on met de l’eau, un panier au-dessus duquel on met des plantes. On chauffe après avoir fermé le récipient. En chauffant, l’eau se transforme en vapeur, vapeur qui, entrainée vers le haut, passe dans la couche de plantes en, emmenant les principes actifs  et aromatiques. Sur l’ouverture sur le haut du récipient (le chapeau) on introduit un tube (le col de cygne), par lequel la vapeur chargée est emmenée avant d’être refroidie dans un serpentin qui se trouve dans une cuve remplie d’eau (la cuve de refroidissement).

Qu’est-ce que l’on obtient ?

Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, le produit obtenu lors d’une distillation n’est pas uniquement de l’huile essentielle. Pourquoi ?

Tout d’abord parce que certaines plantes et fleurs ne contiennent pas ou contiennent très peu d’huile essentielle !

Ce que l’on obtient surtout quand on distille, c’est de l’hydrolat !

C’est-à-dire une substance moins concentrée que l’huile essentielle, qui contient environ 5% des principes actifs de la plante/fleur.

Dans une distillation classique, d’une plante comme la lavande par exemple, on obtient environ 98% d’hydrolat pour à peine 2% d’huile essentielle ! Et encore la lavande est une plante qui contient beaucoup d’huile essentielle, contrairement à l’immortelle, à la mélisse, à la rose ! Vous comprenez mieux pourquoi ces huiles sont chères !

C’est donc bien l’hydrolat que l’on obtient avant tout. Plus simple d’utilisation parce que moins concentré en principes actifs, il permet néanmoins de régler certaines problématiques, différentes selon la plante distillée.

Hydrolats et Eaux florales

Sans doute y-a-t-il autant de définition que de distillateurs !

Mais pour nous, l’hydrolat est le résultat d’une distillation de parties aériennes d’une plante (fleur, feuille et tige), alors qu’une eau florale est le résultat de la distillation de la fleur uniquement.

Aussi nous ne vous proposons qu’une seule eau florale à ce jour, c’est notre eau de rose.

Dans tous les autres cas (bleuet comme lavande, comme thym, ou  immortelle ou verveine …), nous distillons les parties aériennes de la plante, donc nous faisons ce que nous appelons de l’hydrolat.

Certes ce terme est moins vendeur mais plus proche de la réalité !

Il y a deux méthodes traditionnelles de distillation, comme il y a deux méthodes de cuisson des légumes à la cocotte minute :

  • Le légume vapeur (l’entraînement par vapeur d’eau) : un récipient où est mise l’eau, un panier, des plantes sur le dessus. L’eau se transforme en vapeur et passe par le matelas de plantes ;
  • Le légume bouilli  (l’hydrodistillation) : un récipient rempli d’eau dans laquelle on plonge les plantes. C’est ce mélange qui se transforme en vapeur au contact de la chaleur.

95% des distillations se font en entraînement vapeur (lavande, lavandin, thym, romarin, menthe, verveine…). Seules certaines plantes/fleurs aux volatiles et principes actifs plus fragiles et plus complexes à extraire, sont passées en hydrodistillation (en ce qui nous concerne, ce sont uniquement nos roses).

Notre alambic

Cet alambic que nous vous montrons en photo est extraordinaire même s’il est ancien.

Extraordinaire parce qu’il est ancien !!

Les distillations sont chronophages mais nous garantissent des huiles essentielles et des hydrolats d’une qualité exceptionnelle.

Avantages
  • La double paroi : si l’on fait le parallèle avec la pâtisserie, vous pouvez faire fondre le chocolat dans une casserole, avec le risque qu’il agisse fortement avec le feu et accroche sur les parois de la casserole, ou le faire au bain marie, dans un bol, que vous mettez à tremper dans une casserole remplie d’eau. Dans le cas du bain-marie, la qualité du chocolat fondu est incomparable, vous n’avez quasi aucun risque d’accroche. Certes, cela prend un peu plus de temps, mais la qualité du travail est au rendez-vous. Dans le cas de la distillation, c’est pareil ! Les alambics sont souvent à simple paroi, avec une chauffe plus rapide mais plus localisée sur le bas de la cuve, et donc des possibilités de sur-infusion néfastes à la qualité du rendu. D’autres sont au bain marie, donc avec une chauffe plus lente (il faut chauffer deux cuves au lieu d’une, et notamment le liquide qui se trouve entre les deux parois), mais par contre, comme les deux cuves sont enchâssées l’une dans l’autre, la cuve de distillation chauffe sur une surface plus grande, de façon plus homogène
  • Le cuivre à contrario de l’inox : le cuivre est un matériau « vivant », naturel. L’inox, créé par l’homme est un matériau « froid ». L’épaisseur de l’inox rend aussi ce matériau très sensible à son environnement, il réagit très rapidement à ce qu’il se passe à l’extérieur. Une température chaude ou froide va avoir une incidence sur ce qu’il se passe dans la cuve. Le cuivre, plus épais, et d’autant plus quand il s’agit d’une double paroi, a une inertie importante. Il est long à chauffer mais quand il est chaud, il l’est pour longtemps. Il y a de véritables interactions entre le cuivre et les principes actifs de la plantes. Certains professionnels vous diront même qu’ils sont capables de sentir la différence entre une huile essentielle distillée au cuivre d’une distillation inox.
  • La manipulation : le cuivre est plus épais donc clairement il est plus lourd. A manipuler, l’alambic que nous avons est lourd, mais ne demande pas de place particulière. Les cuves basculent aisément. Il faut être attentif mais l’habitude rend la tâche simple.
  • Le nettoyage : pour « affranchir » (nettoyer) un alambic, c’est parfois complexe. D’une famille de plante à une autre, l’alambic doit être propre, de façon à ne pas retrouver chez la plante b des caractéristiques de la plante a préalablement distillée. Mais si la majeure partie des plantes ne demande qu’un simple passage à la vapeur (une distillation à vide, sans plante, ou l’envoi de vapeur dans les conduits), certaines demandent des nettoyages nombreux (les plantes « bleues », qui teintent, comme l’achillée ou la camomille sont ainsi très problématiques).
Inconvénients
  • Il est à feu nu, au bois, et bien que d’un volume réduit, le temps de chauffe est important. Quand nous réalisons une distillation, le temps de chauffe est souvent à peu près le même que le temps de distillation lui-même (entre 1h et 1.5h environ) ;
  • Il est en cuivre, ce qui nous empêche de réaliser des distillations de certaines plantes dont les composants chimiques interagissent trop avec ce matériau vivant qu’est le cuivre, et nous oblige à de nombreux nettoyages quand on distille des plantes qui collent énormément dans les conduits (ex de la camomille ou de l’achillée) ;
  • Son volume de 80/100 litres ne nous permet pas de distiller plus de 6 à 8 kg de plantes sèches par exemple, ou 12/13 kg de roses par vase. Quand la production est importante, cela oblige à multiplier les vases. Exemple de la lavande, où nous avons cette année fait 14 vases.
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